En
1864, il entre au séminaire de Brescia que son frère aussi, l'abbé Giulio, fréquente.
Précisément dans cette période il a un accident et il reste boiteux pour toute sa vie.
En 1870 il est ordonné prêtre. C'est l'époque de l'unité d'Italie et des tensions
entre l'état et l'Église, une époque caractérisée par une grande pauvreté du peuple,
de fortes oppositions politiques et les premières tentatives d'industrialisation; mais il
s'agit également d'une période marquée par une grande charité chrétienne et une
religiosité répandue. L'abbé Arcangelo commence son nouveau ministère, mais il tombe
malade et il doit rester, sa première année de sacerdoce, chez sa famille.
De 1871 à 1873 il est Vicaire coopérateur
à Lodrino, un petit village de montagne, et ensuite il est curé au sanctuaire de S.
Maria della Noce (S. Marie de la Noix), un hameau de Brescia. Dans les deux paroisses
il est aussi instituteur. Son attention aux besoins des gens émerge dès ses premières
années de ministère sacerdotal: quand, à cause d'une inondation, de nombreux
paroissiens restent sans maison, il organise dans le presbytère une cantine où l'on sert
300 repas par jour et il donne un abri aux sinistrés.
En 1885, il entre à Botticino Sera comme
Vicaire coopérateur. Deux ans plus tard, quand il a 41 ans, il est nommé Curé
archiprêtre de la meme église. Ici il célèbre ses vingtcinq ans comme curé avant sa
mort, le 20 mai 1912. Les années vécues à Botticino sont certainement les années les
plus fécondes de la vie de l'abbé Tadini. Il aime ses paroissiens comme des enfants et
il ne se ménage pas pour que cette portion du peuple de Dieu qui lui a été confiée
puisse croître du point de vue humain et spirituel. Il fait naître le choeur, la
fanfare, plusieurs confréries; il réhabilite l'église, donne à chaque catégorie de
personnes la catéchèse la plus appropriée, s'occupe de la liturgie.
Il prête une attention spéciale à la
célébration des Sacrements. Il prépare ses homélies en tenant compte, d'un coté, de
la Parole de Dieu et de l'Église et, de l'autre, du cheminement spirituel de ses gens.
Quand il parle de la chaire, tout le monde reste étonné par la chaleur et la force de
ses paroles. Son attention pastorale est adressée surtout aux nouvelles pauvretés. C'est
l'époque de la première révolution industrielle. L'abbé Tadini, suivant l'exemple
d'autres prêtres, fonde à Botticino l'Associazione Operaia di Mutuo Soccorso (Association
Ouvrière de Secours Mutuel) qui garantit aux ouvriers un subside en cas de maladie,
d'accident de travail, d'invalidité et de vieillesse.
Parmi ses paroissiens, ce sont les jeunes
filles, précisément parce qu'elles sont jeunes et femmes, qui vivent davantage dans
l'incertitude et subissent des injustices. Exploitées, "pressées comme des
citrons", difficilement elles arrivent à former une famille et à élever leurs
enfants. À elles l'abbé Tadini consacre la plupart de ses forces. Inspiré de la
"Rerum novarum" du Pape Léon XIII de 1891, en interprétant les signes des
temps, il projette et construit une filature, et y épuise tout son patrimoine de famille.
En 1895, la filature est achevée et elle présente des structures et des installations
très modernes. Trois ans plus tard, il fait un emprunt et achète la villa proche de la
filature, pour en faire un pensionnat pour les ouvrières.
Pour éduquer les jeunes ouvrières,
l'abbé Tadini fonde, non sans difficultés, la Congrégation des Suore Operaie della
Santa Casa di Nazareth (Soeurs Ouvrières de la Sainte Maison de Nazareth).
Elles vont travailler dans les usines avec les ouvrières; elles s'occupent des jeunes
filles en partageant leurs fatigues et leurs tensions de travail; elles les éduquent par
l'exemple, en se gagnant le pain sur le même banc de travail. Aux Soeurs ouvrières et
aux familles l'abbé Tadini montre comme modèle Jésus, Marie et Joseph à Nazareth, qui
ont travaillé dans le silence et ont vécu avec humilité et simplicité. Aux Soeurs et
aux jeunes travailleuses il indique comme exemple Jésus, qui n'a pas seulement sacrifié
soi même sur la croix, mais, avant ça, pendant 30 ans, à Nazareth, il n'a pas eu honte
d'utiliser les outils du charpentier, d'avoir la paume des mains pleine de cals et le
front baigné de sueur.
Son amour de père et ses oeuvres font
comprendre aux travailleurs que le travail n'est pas une malédiction; c'est le lieu où
l'homme est appelé à se réaliser comme homme et comme chrétien. De plus, si on
l'accepte dans la fatigue et dans les difficultés inévitables, il permet à l'homme de
coopérer à la Rédemption et devient temps d'union avec Dieu. Lui qui avait la santé si
fragile, où a-t-il trouvé, l'abbé Tadini, la force pour réaliser ce qu'il a fait? La
réponse est dans son union intime et constante avec le Seigneur, une union soutenue par
la pénitence et la prière. Il dort moyennement cinq heures par nuit, il ne mange que du
potage, des légumes crus et de la décoction d'avoine et de fruits. Ses paroissiens le
voient rester des heures devant l'Eucharistie, immobile, debout, - à cause de sa jambe
claudiquante il ne peut pas s'agenouiller complètement - plongé dans la contemplation de
Dieu.
Ils le voient marcher dans les rues du
village tenant toujours le chapelet en main. Sa confiance dans la Providence est
illimitée; son humilité et son obéissance aux Supérieurs émergent dans les situations
les plus difficiles.Quand l'abbé Arcangelo Tadini termine sa vie terrestre, le 20 mai
1912, la communauté paroissiale de Botticino se rend compte qu'une lumière s'est
éteinte. On est à la veille de la première guerre mondiale et un avenir trouble pour la
foi, la paix et la justice s'annonce.
Son témoignage a été fort et riche en
oeuvres de charité. Dans son ministère tout le monde a vu un maitre de vie spirituelle,
mais de façon silencieuse, presque cachée, et, précisément pour cela, plus credible.
Son ministère sacerdotal a été une source de vie et de grâce.
Aussi bien le peuple simple que les Soeurs,
qui vivent l'esprit surnaturel, appellent tout cela "sainteté ".
À travers sa béatification, le Pape, Jean
Paul II, offre aux prêtres un exemple, montre aux familles un intercesseur et donne aux
travailleurs un protecteur. |